C’est en grande partie à elles que Lyon doit sa réputation de capitale de la gastronomie. Mais où vécurent et cuisinèrent les fameuses mères lyonnaises ?
ouons-le : lorsque winter is coming, on a plus envie de s’attabler entre amis devant des mets fumants que de crapahuter par les rues enneigées et les trottoirs verglacés à la recherche du patrimoine urbain lyonnais.
Il est pourtant possible d’allier promenade citadine et bonne chère en partant sur les traces de celles qui ont bâti la légende gastronomique de la capitale des Gaules : les fameuses mères lyonnaises. À tout(e) seigneur(esse), tout honneur : commençons par la plus célèbre d’entre elles, Eugénie Brazier (1895-1977).
Si son nom résonne encore familièrement à nos oreilles, c’est peut-être parce que son restaurant ouvert en 1921, la mère Brazier, est toujours sis 12 rue Royale (Lyon 1er), près d’un siècle après son inauguration. Il est aujourd’hui dirigé par Mathieu Viannay et affiche fièrement deux étoiles au Guide Michelin. Depuis 2003, la petite rue qui borde le restaurant porte le nom de sa fondatrice.
Si cette toponymie constitue aujourd’hui la trace la plus marquante de l’épopée des mères lyonnaises, on en trouve bien d’autres, disséminées aux quatre coins de la Métropole. Par exemple aux portes de Lyon, à la Mulatière. C’est ici, au n°35 du quai Jean-Jacques Rousseau, que la plus ancienne des mères lyonnaises dont on ait gardé le souvenir, la mère Guy, installa une guinguette dès... 1759. Sa spécialité ? Une matelote d’anguilles, un plat cuisiné au vin rouge qui aurait sans doute fait rosir de plaisir Maïté et son acolyte Micheline !
Un siècle plus tard, bien après la disparition de la première « mère Guy » en 1801, la guinguette est reprise et transformée en véritable restaurant par deux de ses petites- filles, « La Génie » (qui devient alors une seconde « mère Guy ») et sa sœur Mme Maréchale, qui installent durablement la réputation de l’établissement (et continuent à y servir des matelotes d’anguilles !). Sa renommée permit à « La mère Guy » de survivre à plusieurs changements de propriétaires, jusqu’au chef Roger Roucou (mort en 2012), qui conserva durant des décennies deux étoiles dans le célèbre guide rouge.
Fortes personnalités
De l’autre côté de la Saône, le quartier de Perrache (Lyon 2e) a accueilli au moins deux mères lyonnaises célèbres : la mère Vitet, dont l’établissement était situé à côté de la fameuse Brasserie Georges, et la mère Bizolon, dite « la maman des Poilus ».
Après la mort de son mari et de son fils au début de la Première Guerre mondiale, Clothilde Bizolon ouvre à proximité de la gare une buvette en plein air (un « pied humide » en parler lyonnais) dans lequel elle accueille chaleureusement les soldats revenus du front. C’est cet engagement qui
lui vaut son surnom mais aussi la Légion d’honneur, remise par Édouard Herriot lui- même en mai 1925 (à une époque où il est à la fois maire de Lyon et président du Conseil).
Un peu plus au nord de la Presqu’île, non loin de la place des Célestins, le restaurant de la mère Léa, La Voûte (11 place Antonin Gourju-Lyon 2e), ouvert en 1943, sert toujours son fameux gratin de macaronis. On raconte qu’elle s’approvisionnait au marché du quai Saint-Antoine tout proche, en trimbalant un cabas sur lequel un écriteau prévenait les passants : « attention ! Faible femme, mais forte gueule ! ». De quoi alimenter, à coups d’anecdotes truculentes, la légende toujours vivante des mères lyonnaises !
Crédits photo : Marcelle ValletInfos pratiques
À lire :
> Lyon, capitale mondiale de la gastronomie de Curnonsky et Marcel E. Granger (éditions Lugdunum, 1935)
> Lyon secret et gastronomique de Félix Benoit (éditions N, 1971)
> Les bouchons d’hier et d’aujourd’hui de Pierre Grison et Philippe Lecoq (éditions Le Progrès, 1994)
> L’écrivaine Catherine simon publiera le 1er février NDOH GTA YOG ILTURLSG EGT NÉSGT MÈROODLTGT (éditions sabine Wespieser), qu’elle présentera jeudi 22 février à 19h à la librairie Passages, 11 rue de brest (Lyon 2e ) / 04 72 56 34 84 / www.librairiepassages.fr
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