Des dizaines de caisses et de mangeoires sont dispersées dans l’agglomération. Elles servent à accueillir des chats stérilisés et vaccinés, mais qui n’ont pourtant pas de maîtres : ils sont libres. Nous sommes partis à leurs recherches, aux quatre coins de Grenoble. Une chasse au chat sans foi ni loi. Ou presque.
Contrairement aux bars à chats qui font florès dans le centre-ville, le chat libre n’est pas si facile à attraper. Pour une première approche, mieux vaut se diriger vers les escaliers qui mènent à la Bastille. Là, dans le petit jardin au pied de la statue au Lion se trouve un de leur havre de paix.
En ce début d’après-midi, la symphonie des grillons accompagne le visiteur lorsqu’il gravit les premières marches en direction de la Bastille. Il faut ensuite emprunter les escaliers de droite, qui nous emmènent derrière les immeubles, jusqu’à atteindre et surplomber la résidence Saint-Laurent.
Là, de nouveau sur la droite, se trouve une petite terrasse en bois, où l’on remarque des gamelles blanches. À proximité, deux chats se reposent après le festin, abrité de la chaleur écrasante par l’ombre d’une table. Avant que les escaliers ne bifurquent, on découvre derrière une grille un renfoncement discret.
L’on aperçoit des caisses frappées de l’emblème de la Ville de Grenoble. Là, on compte pas moins de 8 chats adultes, se reposant en plein soleil ou à l’ombre. Au moindre son, ils tournent leurs yeux perçant en direction de l’impudent. Ils guettent.
En effet, à moitié sauvage, ils gardent leurs instincts de survie. Une fois la nuit tombée, ils aiment à se balader dans les pentes, slalomant entre les arbres et s’aventurant même dans la rue Saint-Laurent. Leur territoire est vaste.
Le chat libre en deux mots
Ces chats ont un statut pour la loi. D’après un article, « le maire peut, par arrêté, ou à la demande d’associations faire procéder à la capture et à leur stérilisation [de chats non identifiés] préalablement à leur remise en liberté ».
Sur l’agglomération, plusieurs associations ont saisi ce texte à bras le corps, comme l’École du chat libre, qui gère pas moins de 22 lieux de fixage. Des caisses sont ainsi présentes rue Montesquieu, sous les escaliers de la résidence en autonomie, dans le quartier de Teisseire ou encore dans les principales villes de l’agglo.
Marie-Noëlle Chanel, charismatique présidente de l’Ecole du chat libre, explique le process : « Lorsque l’on nous signale des familles de chats errants, on va les capturer avec des pièges spéciaux. L’on récupère les chatons et leurs mères pour les stériliser. »
L’idée de l’asso est d’éviter la prolifération. En effet, ces derniers se reproduisent à la vitesse de l’éclair, et peuvent provoquer une invasion féline. Et là, vous pouvez oublier les vidéos mignonnes. Les chats libres, sortent les griffes et sont allergiques aux câlins.
Mission à haut risque
Ainsi, l’une des dernières actions de l’École du chat libre a été de sortir du square de la minuscule rue du Trocadéro, tout près du Cours Berriat, une petite famille. Dans leurs repères se trouvaient des squelettes de rats, de pigeons. Les chatons étaient bien dodus », assure Marie-Noëlle Chanel.
La mère, une fois passée dans les mains du véto, est retournée y vivre. Autre lieu de fixation : la poudrière Vauban. À l’abri de la construction tricentenaire, ils vagabondent, s’amusent avec les sculptures en pierre stockées là, et se glissent dans le moindre interstice disponible.
Plusieurs caisses et gamelles sont disposées derrière les grilles de l’édifice militaire. En guettant, on admire un chat noir et blanc jaillir depuis une table. Il se fige à notre vue puis va s’enfuir dans une fine ouverture. Pas si facile à attraper… alors prêt pour la chasse ?
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