Un trésor d’architecture baroque vient d’être rénové. Cette église construite au milieu d’hectares de vignes en plein cœur de la Croix-Rousse mérite le coup d’œil.
Quel est le point commun entre la Chapelle de la Trinité, l'Hôtel Dieu et le réfectoire réfectoire du musée des Beaux-Arts ? Ce sont les rares exemples d'architecture baroque à Lyon, au même titre que l'églie Saint-Bruno les Chartreux.
Qui dit baroque dit opulence, dorures, ornementations, théâtralité, jeux d’ombres et de lumières… C’est un mouvement artistique (et pas seulement architectural) né en Italie au milieu du XVIe siècle, qui s’est rapidement propagé dans toute l’Europe.
L’église Saint-Bruno-les-Chartreux est un très joli specimen : dorures et détails riches se marient à merveille avec un fond blanc, beaucoup de bois, des couleurs sobres.
L'édifice est agrémenté de dix chapelles, dont cinq ont retrouvé leur splendeur originelle après les travaux d’un an qui se sont achevés au début de l’année. L’objectif était de restaurer les décorations du XIXe siècle, époque à laquelle l’église est redécorée dans le style baroque. Les autels des chapelles ne servent plus pour la messe et sont devenues des lieux de dévotion à des Saints. Ainsi les baies amenant la lumière du jour dans chaque chapelle sont obstruées par des tableaux ou statues pour augmenter la pénombre.
De nombreux tableaux exposés dans l’église ont également bénéficié de la restauration. Comme le grand tableau de la Chapelle Sainte-Irénée, une copie du célèbre L’adoration des Mages de Pierre Paul Rubens, présent au musée des Beaux-Arts.
Une chartreuse, des chartreux
Erigée à partir de la fin du XVIe siècle, l’église a connu de multiples périodes de travaux au fil des siècles, avant d’être classée monument historique en 1911. De nombreux artistes renommés sont intervenus, notamment Servandoni qui a réalisé un baldaquin et un maître autel majestueux.
Son histoire est particulière puisqu’elle fait partie de l’ancienne chartreuse fondée à Lyon à la fin du XVIe siècle. Une chartreuse est un ensemble d’ermitages, où les pères mènent leur vie, mais c’est aussi une unité économique. A Lyon le domaine s’étendait sur 24 hectares, dont au moins 15 hectares de vignes. Le père procureur dirigeait l’exploitation. La chartreuse comptait 24 cellules et pouvait donc abriter jusqu’à 24 pères.
L’église est devenue propriété de la ville en 1905, lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Aujourd’hui, on peut encore observer des vestiges de la chartreuse du côté de la place des Chartreux. A l’ouest, dans le mur du lycée Jean-Baptiste de la Salle, les arcades de la galerie du grand cloître (3,70 mètres de haut) sont encore bien visibles.
La galerie est conservée à l’intérieur du lycée. L’impasse du fond correspond à la galerie sud du grand cloître. Sur le côté droit, le mur arrière du garage Haond comporte aussi des éléments d’arcades mais cachés sous le crépi. A l’entrée, on peut voir une porte cochère qui menait aux champs de culture de la chartreuse.
Eh oui, des champs et des vignes en plein coeur de Lyon. C'était le bon temps.
Crédits photo : Digne-commonswikiInfos pratiques
Adresse : 56 rue Pierre-Dupont (Lyon 1er).
Accessible en bus (2, C13, C18, 45 et S4) : arrêt “Clos Jouve"
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