A l’heure où l’itinérance douce a le vent en poupe, pourquoi ne tenteriez-vous pas l’expérience du voyage à vélo ? Cette nouvelle façon d’envisager ses vacances permet de concilier découverte du territoire, aventure et sport (à plus ou moins haute dose, selon que vous optiez pour un vélo classique ou à assistance électrique). Les itinéraires adaptés à cette autre façon de faire du vélo existent - Route des Grandes Alpes, Chemins du Soleil, ViaRhôna notamment – avec un balisage spécifique et des services adaptés. En selle !
La réserve naturelle du Marais de Lavours, avec ses nombreux batraciens et une belle vue sur le Grand Colombier. Le charmant petit village de Chanaz, lové au bord d’un canal. La cascade de Glandieu. La fameuse brioche aux pralines de Saint-Genix-sur-Guiers. Le Repaire Mandrin (un musée dédié au célèbre contrebandier dauphinois du 18ème siècle)…
On pourrait dresser un véritable inventaire à la Prévert de tout ce qu’Aurélie Amiot – une photographe et blogueuse pro connue sous le pseudonyme « Madame Oreille » - a découvert lors d’un voyage de trois jours en famille (avec son mari et leur fille d’à peine neuf mois) sur la ViaRhôna, entre Culoz et Saint-Genix-sur-Guiers. La ViaRhôna ? C’est cet itinéraire cyclable de 815 km entre le lac Léman et la Méditerrannée, le long du Rhône, initié en 2005 et qui sera totalement achevé en 2020 (lire encadré).
Des services adaptés aux cyclistes
Deuxième destination mondiale pour le tourisme à vélo, la France – et la région Rhône-Alpes / Auvergne en particulier – ont de solides arguments à faire valoir en la matière. Avec notamment de nombreux itinéraires spécialement aménagés pour les vrais cyclotouristes, ceux qui concilient vélo et découverte des territoires : Route des Grandes Alpes, Via Rhôna, Route de la Lavande, Chemins du Soleil, etc.
Ceux-ci vous font traverser des paysages remarquables (grands cols alpins, villages perchés, champs de lavande, écluses le long du Rhône, etc), bénéficient d’une signalisation spécifique et proposent des services adaptés aux cyclistes en itinérance.
« Nous avons près de 400 hébergements référencés le long des itinéraires dont Move Your Alps assure la promotion. Les cyclistes y trouveront généralement des garages à vélo fermés, des kits de réparation / bricolage, des locaux pour faire sécher leurs vêtements, une grande amplitude horaire pour l’accueil, la possibilité d’acheter des paniers-repas, etc. Ces hébergements reçoivent une plaque Recommandé par la Grande Traversée des Alpes et sont mis en avant sur notre site web. Ils ne proposent pas forcément des services révolutionnaires, mais sans cela, ça ne fonctionnerait pas », estime Muriel Faure, la directrice de l’association Grande Traversée des Alpes (qui communique, notamment sur le web, sous la « marque » Move Your Alps).
Culture, nature, loisirs, gastronomie… à vélo
Ces itinéraires sont bien plus que de simples parcours à vélo. Ils constituent une porte d’entrée vers la découverte des territoires que le cycliste traverse. Ainsi, par exemple, le long de la ViaRhôna, on trouve déjà plus d’une quarantaine de RIS (Relais d’Informations Services), à savoir de grands panneaux qui comportent une carte avec l’itinéraire et aussi des informations sur les principales curiosités touristiques des alentours.
« C’est une logique qu’on souhaite encore amplifier, aussi bien sur le terrain que sur notre site web dédié (www.viarhona.com) où on donne plusieurs entrées de découverte touristique : culture, nature, loisirs & activités nautiques, vignobles & gastronomie », explique Séverine André, chargée de mission ViaRhôna au sein de Rhône-Alpes Tourisme.
« 2 milliards d’euros de valeur ajoutée »
Si ces parcours d’itinérance à vélo ont le vent en poupe, c’est aussi parce qu’il y a derrière de gros enjeux économiques, et que les collectivités territoriales et organes touristiques s’engouffrent donc dans la brèche en réalisant les aménagements et la communication nécessaires pour ces itinéraires.
« On estime qu’un touriste en séjour cycliste itinérant dépense 15 à 20 % de plus qu’un touriste en séjour sédentaire.
« On estime qu’un touriste en séjour cycliste itinérant dépense 15 à 20 % de plus qu’un touriste en séjour sédentaire. Le montant du panier moyen d’un touriste qui parcourt la route des Grandes Alpes est de 89 euros par jour. Sur les Chemins du Soleil, c’est 70 euros par jour et sur les Routes de la Lavande, ça monte à 147 euros par jour. Il y a plusieurs explications à cela. Il faut déjà savoir que la moitié de la clientèle touristique qui parcourt les itinéraires Move Your Alps est internationale, donc généralement à fort pouvoir d’achat. Ces touristes ont aussi besoin de services spécifiques – par exemple pour l’entretien ou la réparation de leur vélo – donc cela a un prix. Sans oublier le fait qu’il s’agit souvent de collectionneurs, qui aiment acheter des souvenirs (gastronomie, cartes postales…) des endroits qu’ils ont traversé », énumère Muriel Faure.
Il faut aussi savoir que le tourisme à vélo génère 2 milliards d’euros de valeur ajoutée dans l’économie française par an, et que 1 € investi dans le développement de l’infrastructure des voies cyclables touristique engendre 1 € de retombées économiques locales.
Une logique de développement touristique
« L’ambition des porteurs du projet ViaRhôna (la Compagnie Nationale du Rhône et les régions Auvergne Rhône-Alpes, Provence Alpes Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon Midi Pyrénées) est d’en faire un grand projet touristique à l’horizon 2020. La ViaRhôna, c’est une destination touristique à part entière, un motif de séjour.
Mais c’est aussi un équipement de loisirs pour les locaux, à la demi-journée, à la journée ou en week-end », affirme Séverine André. La façon dont cette ViaRhôna a été segmentée atteste d’ailleurs d’une véritable logique de développement touristique.
En effet, les 21 étapes qui la composent sont plutôt courtes (une trentaine de kilomètres chacune, afin de laisser le temps aux cyclistes de visiter les territoires qu’ils traversent). Et les cinq grands tronçons de cet itinéraire ont chacun une identité forte : le Rhône sauvage pour la partie Genève-Lyon, le cœur de la vallée du Rhône, avec ses vignobles, ses vergers et son patrimoine gallo-romain pour Lyon-Valence et Valence-Avignon, les sites historiques et la Camarague pour les tronçons Avignon – Port Saint-Louis et Avignon-Sète (la ViaRhôna se scinde en deux sur sa partie finale).
« Tout se fait au rythme plus lent du vélo »
Quelles sont les motivations du touriste qui se lance dans le voyage à vélo ? « Ces cyclotouristes sont à la fois en quête de beaux paysages, d’un côté nature, et recherchent en même temps le plaisir du voyage doux.
C’est un peu l’éloge de la lenteur et de la tranquillité, avec la possibilité de s’arrêter où on veut, quand on veut », avance Séverine André. Un point de vue partagé par David Puy, co-gérant de Guil E Bike, un prestataire haut-alpin spécialisé dans la randonnée à vélo électrique, qui avait organisé l’année passée une itinérance de 235 km en cinq jours, sur un trajet empruntant à la fois des portions des P’tites Routes du Soleil et des Routes de la Lavande, entre les Hautes-Alpes et la Drôme Provençale.
« Nous étions un groupe de 17 adultes et 14 enfants (de 6 mois à 6 ans). Tous les enfants – sauf celui de 6 ans – étaient en cariole. Les parents les plus sportifs avaient des vélos de route classique, les autres des VTC à assistance électrique. Nous faisions des étapes d’environ 50 km par jour avec 800 à 1200 mètres de dénivelé, sur des petites routes avec très peu de trafic. On croisait plus de vélos que de voitures ! Nous roulions 2h à 2h30 par jour et n’hésitions pas à faire des pauses assez longues, principalement sur des bases de loisirs et espaces naturels, afin que les enfants puissent jouer."
"On arrivait au gîte vers 16h30 ou 17h maximum, ce qui nous laissait le temps de bien profiter des villages où nous logions. Sur un séjour comme celui-ci, c’est vraiment le plaisir de rouler en groupe et la convivialité qui ressortent. Le déplacement en lui-même est un loisir, une destination, ce qui n’est pas du tout le cas si on est en voiture. Tout se fait au rythme plus lent du vélo. On a l’impression que le temps passe plus lentement. A la fin du séjour, on était certes un peu fatigué au niveau physique, mais en revanche vraiment reposé mentalement. Ce voyage nous a permis de faire un bon break, ça coupe du quotidien ».
L’itinérance à vélo peut constituer pour certains une performance sportive – on pense notamment aux « chasseurs de cols » qui parcourent la Route des Grandes Alpes – mais elle ne se résume pas à cette seule dimension d’effort physique.
C’est un véritable état d’esprit, « une autre façon de concevoir ses vacances, selon Muriel Faure, la directrice de l’association GTA. En itinérance, on ne peut pas rater ses vacances, parce que chaque jour est une aventure nouvelle. Et ce en dépit des aléas (pluie, soucis mécaniques, etc) qu’on peut rencontrer en chemin. Chaque basculement dans une nouvelle vallée permet de vivre des moments incroyables. Il y a dans l’itinérance une transformation de soi. On se déleste de ses soucis, les pensées se concentrent sur la route et les paysages. Il y a une forme de liberté qui s’installe au fur et à mesure du voyage. Sans être dans Into the wild, on vit une aventure quotidienne. »
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