Retrouver le trésor caché de Barbe Noire, empêcher un savant fou de diffuser un virus mortel pour l’humanité, désamorcer une bombe, s’échapper d’une prison, jouer les Sherlock Holmes en résolvant une enquête ou encore se mettre dans la peau d’un agent du FBI… Le point commun entre tous ces scénarios ? Ils sont tous issus des pitchs de nouvelles activités en plein boum à Lyon.
ECHAPPE-TOI SI TU PEUX
1h14. La sanction tombe. « Vous avez dépassé le délai d’une heure pour sortir de la pièce en résolvant toutes les énigmes. Cependant, vous vous êtes bien débrouillés et, je l’avoue, cette salle est très difficile », lance Patrice Tropéa d’un ton rassurant.
Rien de grave, les quatre joueurs font parti des 66% des joueurs qui ne parviennent pas à ressortir dans les temps du Laboratoire du Docteur Viper, l’un des scénarios proposés par Omescape (Lyon 2e).
Patrice est le cogérant de cette salle de jeu d’un nouveau genre. Omescape propose ce que l’on appelle des live escape games, des jeux d’évasion grandeur nature dans la langue de Molière.
À l’origine, un escape game est un jeu sur ordinateur où le joueur doit sortir d'une salle fermée à clef en résolvant diverses énigmes. “Cette tendance vient d’Asie. Le but du jeu est de s’échapper d’une salle à thème en équipe en moins d’une heure”, résume Patrice Tropéa.
Pour sortir les joueurs doivent résoudre des énigmes permettant de découvrir des clés pour ouvrir des coffres qui lanceront de nouvelles énigmes et ainsi de suite jusqu’à la sortie finale.
Depuis l’an dernier, Lyon, ville de joueurs si l’en est, voit de plus en plus de live escape games ouvrir leurs portes. Team Break (Lyon 6e), franchise parisienne, est le premier à avoir tenté l’aventure en terre lyonnaise en mars 2015.
Aujourd’hui, la ville compte désormais six prestataires du genre et un septième est sur le point d’ouvrir. Et le concept cartonne. “Les Lyonnais sont en recherche de nouveaux loisirs à pratiquer en famille et à tout âge. L’important est de faire preuve de réflexion, d’observation et de beaucoup de communication” explique Florent Lambert, l’un des cofondateurs d’Enigmatic (Lyon 3e).
Dans des décors dignes de films, les joueurs sont immédiatement plongés dans l’ambiance et se prennent très vite au jeu. “C’est ultra-immersif. Une fois la porte fermée, j’étais dans le jeu. Le décor et l’ambiance sonore m’ont trasporté dans la cabine de Barbe Noire. Pressé par le temps qui s’écoule, on s’active très vite pour résoudre des énigmes qui alternent entre fouille de la pièce et des défis de logique”, confie Nicolas, à la sortie de sa première expérience du côté d’Enigmatic.
Côté difficulté, les escape games sont relativement difficiles mais les joueurs peuvent compter sur les précieux conseils et indices du maître du jeu. À l’aide de caméras, il les suit tout au long de leur avancée et les aide à avancer en cas de besoin.
“Réussir à sortir en une heure est une chose, mais ce n’est pas l’essentiel. Les joueurs viennent avant tout découvrir cette expérience inédite en vrai et pas à travers un écran”, résume Karim Guessab, le gérant de Closed (Lyon 1 er).
Enfin, pour le dépaysement, les Lyonnais sont gâtés. La douzaine de scénarios accessibles à ce jour propose des thématiques variées, du bateau pirate à l’invasion de zombies, en passant par la classique évasion de prison en passant par le désamorçage de bombe.
LES EXPERTS À LYON
Si l’enfermement n’est pas la tasse de thé de tous les joueurs, d’autres jeux immersifs font leur apparition depuis quelques mois et jouissent d’un succès grandissant. Leur nom : les enquêtes grandeur nature, ou murder party.
Ce type de jeu a déjà quelques années mais, tout comme les jeux de rôle grandeur nature, il était jusque là peu populaire et majoritairement l’apanage de geeks passionnés. Aujourd’hui, la tendance a changé. “Un public de plus en plus large vient participer aux enquêtes que nous organisons” explique Elsa Delorme, de Mortelle Soirée.
Elle propose une quarantaine de scénarios différents où, par équipe, les joueurs jouent les Experts d’un jour (avec la malette de la police scientifique). Ils se creusent les méninges et interrogent des témoins incarnés par des acteurs pour retrouver le coupable d’un meurtre.
Les parties durent jusqu’à trois heures, ont lieu une fois par mois dans un restaurant lyonnais et sont souvent sold out plusieurs semaines à l’avance. “C’est l’occasion de passer un bon moment entre amis, de s’amuser autour d’un verre et de quelques tapas”, glisse Elsa Delorme.
Les jeux immersifs séduisent même pour des occasions particulières comme les enterrement de vie de jeunes filles ou les anniversaires.
Un besoin de nouveauté constaté aussi par Valentin Gard, le fondateur de Mimesis : “avec ces jeux immersifs, les Lyonnais viennent se faire des films pour de vrai !”. Littéralement. Avec ses associés, ce cinéphile version hardcore prépare des scénarios inspirés de classiques de cinéma comme The Game (David Fincher) où des équipes de trois à huit joueurs doivent, par exemple, enquêter pour désamorcer une bombe.
Ici, le paquet est mis sur le réalisme avec des décors soignés et des accessoires plus vrais que nature.
LE JEU DANS LA PEAU
Pour aller un peu plus loin dans l’immersion, les concepteurs de jeu repoussent sans cesse les limites de leur imagination. Pour le constater, il suffit de se rendre du côté de Vénissieux.
Depuis octobre, le complexe de laser game iCombat à ouvert ses portes. Jusque-là, quand on pense à ces jeux, on imagine des joueurs se jeter dans des couloirs sans vraiment réfléchir à une stratégie puisque le risque est inexistant.
Or, ce nouveau concept introduit du réalisme dans les parties. Lâchés dans l’arène, les joueurs équipées de véritables répliques d’armes portent une ceinture sobrement baptisée “stress belt” qui envoie une décharge électrique de faible ampérage à chaque fois qu’ils sont touchés.
Inspiré des méthodes d’entraînement des forces de l’ordre américaine, le jeu séduit notamment les amateurs de jeux vidéo de tir façon Call of Duty mais aussi des adultes amateurs de stratégie.
“La décharge est désagréable mais pas douloureuse, elle oblige surtout les joueurs à ne pas faire n’importe quoi.” explique Greg, le gérant d’iCombat. Et les participants en raffolent. Pour preuve, plus de 90% d’entre-eux demandent à jouer avec la stress belt.
L’immersion a donc de beaux jours devant elle.
Crédits photo : Game It
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