« Félicitations ! Vous avez réalisé 11 120 pas aujourd’hui. Soit 111% de votre objectif pour cette journée » ou « cette nuit, vous avez dormi 5h52 dont 1h38 en sommeil profond et 4h14 en sommeil léger. C’est 78% de votre objectif de sommeil. »
Voilà quelques exemples de récapitulatifs que les utilisateurs de bracelets ou montres connectés peuvent voir quotidiennement sur leur smartphone.
Depuis 2012 et avec la miniaturisation galopante des produits high-tech, ces nouveaux outils sont entrés dans le quotidien de beaucoup d’utilisateurs.
« Depuis la fin d’année dernière, on observe un véritable virage. Au début les produits n’étaient pas très bien perçus par le grand public. Aujourd’hui, la plupart des gens savent ce qu’est un bracelet connecté et à quoi cela sert », décrypte Vincent Bouvier, le cofondateur du site lyonnais Suffi.fr, véritable référence nationale en matière d’objets connectés.
Une tendance de fond confirmée par les chiffres des ventes de ces produits : plus de 11 millions de bracelets connectés ont été vendus au premier trimestre 2015 selon le cabinet d’analyse américain IDC.
Quantified self
L’émergence de l’utilisation de ces nouveaux compagnons électroniques découle du « quantified self » (littéralement « la quantification de soi »), une tendance logiquement venue des Etats-Unis où le culte du corps reste profondément ancré dans la société.
« Quand on décrypte un peu ce mouvement, cela revient à faire la même chose que font les sportifs qui utilisaient un chronomètre il y a quelques années », lance Vincent Bouvier.
« La nouveauté réside dans l’automatisation du suivi et dans le coaching proposé par les bracelets ou montres connectés », ajoute-t-il. Concrètement, cette pratique de la « mesure de soi » consiste à recueillir un maximum de données sur sa santé et son activité physique permettant ensuite d’améliorer son mode de vie et ses performances.
Selon Vincent Bouvier, « avec les avancées technologiques, le bien-être personnel (durée et qualité du sommeil…) et le sport (chronométrage de course, nombre de pas par jour…) ont été les deux domaines principaux jusqu’à présent mais une nouvelle composante, la santé, apparaît depuis peu (mesure du rythme cardiaque...). »
Pour tous
Loin d’être réservés à l’élite du sport ou aux amateurs de nouvelles technologies, les bracelets et montres connectés séduisent toutes les couches de la population. Du grand sportif qui cherche à améliorer ses performances à la maman qui vient d’avoir son troisième enfant et qui veut retrouver la ligne, tout le monde peut utiliser ces bracelets.
« Pour ma part, j’ai commencé à en utiliser un en reprenant le sport. Je voulais controler mon degré d’activité et progresser. Cela m’a aussi permis d’améliorer la qualité de mon sommeil » explique Vincent Bouvier.
Du côté des grands sportifs, Gautier, 32 ans, vient de passer à la montre connectée : « avant, je n’utilisais pas grand chose, si ce n’est mon smartphone pour savoir combien de kilomètres je parcourais et me chronométrer. La montre me permet d’avoir des statistiques très précises sur mes sessions de sport. Ainsi, je peux décrypter chaque séance et améliorer les détails qui font la différence. C’est un outil de perfectionnement très efficace. »
À l’inverse, certains utilisateurs qui ont des jobs sédentaires ont fait le choix du bracelet connecté pour se motiver à être plus actif. C’est le cas de Céline, une traductrice lyonnaise de 36 ans. « Je me suis mise au bracelet pour savoir si j’étais suffisamment active et controler mon sommeil. Très rapidement, j’ai constaté que je bougeais très peu. Certaines journées, je faisais à peine 1000 pas. Depuis, cela a changé », confie-t-elle.
Loin d’être devenue une accro au sport, Céline a changé ses modes de déplacement entre son domicile et son travail pour être plus active. « Je descends du bus deux arrêts plus tôt qu’avant pour marcher. Je suis devenue fan de cet objet qui m’a permis de faire un peu plus attention à moi-même, » admet-elle.
Social et ludique
La hype actuelle autour du « quantified self » trouve aussi une explication dans son aspect social. Nombreuses sont les applications de caoching liées à des bracelets connectés à proposer de partager ses résultats et ses performances avec ses amis via des plateformes spécifiques ou des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter.
Un phénomène qui ne surprend pas à une époque où le selfie est devenu la norme en matière de photo numérique nous direz-vous. Il était logique que dans la mise en scène permanente de soi, on en vienne à afficher les kilomètres parcourus ou calories brûlées.
« L’échange de performances avec ses amis devient un nouvel élément de motivation », confirme Vincent Bouvier. Même si des utilisateurs comme Céline restent réticents et préfèrent garder leurs informations pour eux, d’autres, comme Gautier utilise cette partie sociale pour se jauger.
« L’aspect communautaire permet de partager son expérience et ses sensations mais aussi de demander conseils pour s’améliorer ou tout simplement s’encourager. Et puis, sur des parcours ultra-connus comme l’inévitable parc de la Tête d’Or, je peux comparer mes temps à d’autres pour me situer », sourit le trentenaire.
Pour intensifier cet aspect, les fabricants de bracelets misent aussi sur la gamification. Les applications proposent ainsi de débloquer des badges, trophées et autres récompenses virtuelles pour toujours motiver les utilisateurs.
En proposant des défis ludiques, les utilisateurs redécouvrent le plaisir du sport en pensant (un peu) moins à l’effort. Rien de tel pour les sportifs du dimanche qui trouvent une nouvelle motivation et une valorisation de leurs efforts pour au final constater de veritables améliorations.
« Félicitations, vous avez débloqué le trophée « Article terminé » ! Si vous partiez en balade maintenant ? » Il est sympa ce coach.
Crédits photo : stuffi.fr
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