Les sentiers « à thèmes » séduisent de plus en plus, en itinérance ou pour une sortie à la journée. Elaborés autour de l’Histoire et des hommes, ils proposent de randonner autrement, en alliant un supplément de savoirs à l’effort physique.
« Les grands itinéraires - comme le GR20, le GR10, le GR5 - sont depuis dix ans clairement identifiés et largement pratiqués. Il faut désormais diversifier l’offre de randonnée et séduire les marcheurs en les emmenant vers des sites moins connus qui allient l’attrait du paysage naturel et le patrimoine culturel » constate Thierry Lesellier à la Fédération Française de Randonnée.
Des traces d’Histoire …
Ces sentiers racontent, par exemple, des métiers ou des évènements qui ont transformé le paysage. En Maurienne, il est possible de sortir à la journée sur les traces des « Ardoisiers » ou des « Mineurs ». Grâce à une randonnée aérienne entre Saint-Julien et Montdenis ou bien le long des galeries souterraines de Saint-Georges d'Hurtières, le promeneur découvre deux activités économiques qui ont façonné la vallée et donc ses habitants, depuis le XVème siècle.
« Le Mur de la peste », lui, témoigne de la grande épidémie qui a ravagé la Provence en 1720. Cordon sanitaire fait de calcaire, il fut érigé dans les monts du Vaucluse, au sud de Carpentras, pour endiguer la propagation de la maladie.
Depuis 1986, l'association "Pierre Sèche en Vaucluse" remet à jour cette construction : sur les 27 km d’origine, une portion de 5 km est désormais restaurée. Entre garrigue et vieilles pierres, nous voilà plongés dans l’Histoire.
Et des chemins de vie
Pour ceux qui sont attachés au caractère itinérant de la randonnée, plusieurs excursions permettent de remonter le temps ou de partir à la rencontre d’un mode vie singulier.
Anciennes voies royales, routes marchandes médiévales, chemins de pèlerinages, autant de tracés historiques qui, une fois remis à jour, attirent les marcheurs d’aujourd’hui. Ces grandes voies ont, bien sûr, leurs têtes d’affiches (« Saint Jacques de Compostelle », « Le Chemin Stevenson », « Sur les Pas des Huguenots », etc.), mais attention, il existe en France des dizaines de sentiers balisés.
La Voie Régordane (du Puy-en-Velay à Saint-Gilles) serpente de la Haute-Loire jusqu’au Gard : 242 km (GR700) dans les traces des colporteurs cévenoles. Le GR 22, du parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris au Mont-Saint-Michel, est l’un des plus anciens tracés religieux de France. Trente jours de randonnée assurés (757 km) sur les pas des miquelots d’autrefois.
« Tous ces chemins seraient restés inconnus sans des associations ou des particuliers, passionnés d’histoire et profondément attachés à leur région. C’est la meilleure des légitimités », précise Thierry Lesellier. « Les Comités départementaux de randonnée pédestre sont là pour aménager les sentiers, éditer des topo-guides, mais rien n’est possible sans l’engagement d’acteurs de terrain.
Ils donnent une nouvelle dimension à la randonnée. On ne traverse plus seulement un territoire ; on s’immerge dans un paysage géographique autant qu’humain et culturel. »
Les Sentiers des Bergers en Belledonne
Impulsé par la Fédération des Alpages de l’Isère en 2009, le « Sentiers des Bergers » (9 boucles à la journée ou un parcours itinérant de 110 / 120 km à travers 15 communes) a permis la mise en valeur d’un itinéraire de randonnée parcourant la chaîne de Belledonne dans toute sa longueur (de l’Isère à la Savoie) et sa diversité (alpages, cols, prairies, lacs...).
Tout est mis en place pour sensibiliser les marcheurs au pastoralisme, à la vie en refuge, à la transhumance saisonnière… Après, une première carte de randonnée est éditée en 2012, depuis l’année dernière, c’est l’Espace Belledonne a repris le flambeau pour faire connaître la vie de ces hommes qui vivent et font vivre leur territoire.
Crédits photo : Les sentiers des bergers.
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