Les territoires développent des produits ludiques pour parler à tous les publics et leur faire découvrir leurs richesses naturelles et patrimoniales. Découverte.
« Aujourd’hui, on ne veut plus éduquer les enfants de manière bête et méchante. Il est tout à fait possible de leur faire découvrir des choses de façon ludique. C’est même souvent préférable, parce qu’on apprend souvent mieux en s’amusant. L’important est vraiment de susciter chez eux des émotions, qui leur serviront à mieux se souvenir de ce qu’ils auront appris. »
Jean-Christophe Huet, accompagnateur en montagne et gérant de la SCM Nouvelles Montagnes (une structure dédiée à l'éducation à l'environnement et aux loisirs de pleine nature), a bien compris que pour intéresser un public le plus large possible à la découverte du patrimoine, mieux vaut s’adapter au public visé, de surcroît lorsqu’on s’adresse à des enfants ou à des adolescents.
C’est lui – avec Laurent Schwoehrer, également accompagnateur en montagne – qui a conçu plusieurs jeux de piste permettant de découvrir Grenoble de façon originale et ludique. « Le secret de Mélusine » consiste à aider la fée Mélusine à trouver deux ammonites, des coquillages en forme d’escargot fossilisé, qu’on peut apercevoir dans les murs de certains bâtiments du centre-ville de la capitale des Alpes.
Ce parcours d’environ une heure et demie s’adresse à toute la famille (à partir de trois ans), au départ de l’office du tourisme. Il se fait complètement à pied et vous permettra de voyager à travers les quartiers de Grenoble comme à travers les époques. « Vous devrez résoudre de nombreuses énigmes liées à l’observation – par exemple retrouver un personnage dont il manque la tête sur un mur – afin de progresser dans le jeu.
Au passage, vous pourrez par exemple apprendre que Grenoble s’appelait auparavant Cularo, ou parfaire vos connaissances sur la Journée des Tuiles, qui avait été l’un des prémices de la Révolution Française », explique Jean-Christophe Huet.
Dans le même esprit, l’Office de tourisme de Grenoble propose une visite-chasse au trésor du Parc Paul Mistral (« La légende oubliée du trésor de Zéraphin », vendu 5 €, comme « Le secret de Mélusine), qui est en fait un mélange de jeu d’orientation et d’observation du patrimoine naturel, en particulier les arbres. « Il y a un livret qui est plutôt destiné aux enfants, et un autre qui s’adresse davantage aux adultes, qui souhaitent aller un peu plus loin », précise Jean-Christophe Huet.
Visites façon enquête
Apprendre en s’amusant, c’est bien. Devenir acteur de sa propre visite, c’est encore mieux. C’est ce qui explique que les chasses au trésor traditionnelles soient peu à peu supplantées par d’autres formes ludiques de visite. « Depuis deux ans, les enquêtes policières ont vraiment la côte », remarque Stéphane Faveyrial, responsable projets sur Grenoble de Diverty Events, une société spécialisée dans la création d’activités récréatives pour les entreprises (pour des séminaires, teambuildings et autres incentive).
Cette dernière propose ainsi dans son catalogue « Grenoble à la loupe » : vous devrez aider Alex Pertise, un détective privé (fictif) qui se retrouve mêlé à une affaire de vol à son insu. « On propose ainsi une balade dans le centre-ville de Grenoble pour suivre les suspects.
On va par exemple utiliser le mobilier urbain pour récupérer divers indices. C’est quelque chose de plus poussé qu’un simple quizz questions-réponses, même si le but final est le même, à savoir apprendre des choses sur le patrimoine de la ville de façon détournée », analyse Stéphane Faveyrial.
Si elle est d’abord destinée aux entreprises, cette activité (comme d’autres du catalogue), peut être proposée à des groupes de particuliers d’au moins 8 à 10 personnes. La Maison du Tourisme des Vallons du Guiers a elle aussi cédé à la mode de l’enquête policière – façon Cluedo grandeur nature - pour faire découvrir les deux villes du Pont-de-Beauvoisin (une en Isère, l’autre en Savoie, de part et d’autre du pont).
Baptisée « Intri’Guiers », cette visite fait intervenir des personnages historiques (comme François Ier), même si les histoires ici racontées restent imaginaires.
Autre particularité d’Intri’Guiers : l’utilisation des nouvelles technologies. « Le support du jeu que nous vendons comprend un carnet d’enquêteur et un crayon, ainsi qu’un badge RFID (type badge d’autoroute). Grâce à cette technologie, au passage de votre badge d’enquêteur, cinq bornes situées dans la ville déclenchent les témoignages et les indices sous la forme d’un message théâtralisé. Surtout, vous pouvez refaire l’enquête quinze fois sans jamais suivre le même cheminement, puisque ce système RFID permet de générer des résultats d’enquête aléatoires », explique Coralie Gerbith, chargée de mission à la Maison du Tourisme des Vallons du Guiers.
L’important, c’est d’apprendre
Vous l’aurez compris, les technologies modernes sont davantage que de simples gadgets, et peuvent apporter de vrais plus aux visites de villes ou autres lieux touristiques. Développée par les communautés de communes du Beaufortain et du Val d’Arly, l’application pour smartphones l’Empreinte des Grandes Alpes fonctionne grâce à la géolocalisation.
Ainsi, l’utilisateur est informé en temps réel de la présence de points d’intérêts, et il peut accéder à du contenu sous forme de textes, de sons, de vidéos, de modélisations 3D, de photos ou encore de réalité augmentée. « Sur l’itinéraire principal, qui suit les 66 km de la route des Grandes Alpes entre le col des Aravis et le Cormet de Roselend, cette technologie de la réalité augmentée va par exemple vous permettre de revivre, à travers l’écran de votre smartphone, le parachutage du col des Saisies pendant la Deuxième Guerre Mondiale, ou encore de découvrir le village englouti de Roselend et la construction du barrage du lac éponyme.
Si vous arrivez sur le plateau du Cuvy à Arêches-Beaufort, vous pouvez découvrir le paysage estival si vous êtes en hiver, et vice versa », détaille Mathilde Diaz, chargée de mission développement touristique à la Communauté de Communes Le Beaufortain. La multiplication des initiatives ludiques autour de la découverte touristique et de la valorisation du patrimoine ne signifie pas pour autant la fin des visites plus « classique », comme les visites guidées.
Elles témoignent simplement de la faculté d’adaptation des entités touristiques, qui ont bien compris l’importance de personnaliser aux mieux les visites, tout du moins de s’adapter au public visé. Mais qu’elle soit guidée, sous forme de chasse au trésor, assistée par GPS ou par une application smartphone, la finalité de la visite reste la même : apprendre. Peu importe au fond que ce soit de façon classique ou « détournée » : dans tous les cas, vous vous coucherez moins bête ce soir.
Crédits photo : Parcours de l'O.T. de Grenoble. Parc Paul Mistral
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