Opération Bouchayer-Viallet. Le titre d’un roman d’espionnage ? Non, c’est le projet d’aménagement urbain, débuté en 2005, qui a radicalement transformé cette zone de terrains vagues et de friches industrielles de 14 hectares. Entre bâtiments d’usines réhabilités et édifices contemporains, on vous propose une visite du nord au sud, avec une halte à La Belle Électrique, la nouvelle salle de concert.
Avant de devenir un site industriel, cette zone rectangulaire, délimitée par le Drac, la rue Ampère, le cours Berriat et les grands boulevards, était un banal terrain vierge. Il a accueilli le cimetière municipal de 1800 à 1810 puis, jusqu’en 1898, plus rien.
En 1896, la société Bouchayer-Viallet, particulièrement renommée pour la fabrication de tuyaux et de conduits, achète cette bande de terre et y met en service en 1898 de nouveaux bâtiments industriels.
Aujourd’hui, dans ce nouvel éco-quartier en phase finale de construction, demeurent quelques vestiges industriels réhabilités côtoyant des bâtiments contemporains aux normes de construction les plus récentes. La visite débute square des fusillés, à l’extrémité nord du quartier.
En déambulant vers le sud, on s’arrêtera sur les éléments remarquables suivants :
Square des fusillés
Il se nomme ainsi en hommage aux 20 maquisards fusillés ici-même par les soldats Allemands le 16 août 1944. Des représailles après que deux soldats allemands ont été abattus 2 jours plus tôt lors d’une attaque de la Résistance. Cette zone qui servait de lieu de livraison et de stockage aux usines Bouchayer-Viallet a été rachetée en 1947 par la mairie et transformée en place.
Le portail
Du square, on aperçoit un portail rouge métallique surmonté d’une horloge et d’un panneau. Il s’agit évidemment de l’ancienne porte d’entrée/sortie du site industriel Bouchayer-Viallet.
Le Magasin
C’est le plus ancien bâtiment du site. Cette élégante halle a été rachetée par Hyppolite Bouchayer après l’Exposition Universelle de Paris. Elle a été construite en 1900 par les ateliers de Gustave Eiffel.
Démontée, transportée à Grenoble puis remontée, elle servira pendant 60 ans d’atelier de chaudronnerie avant d’être transformée en lieu de stockage. Le mot magasin est resté.
La reconversion en centre national d’art contemporain (CNAC) en 1986 est la concrétisation de la politique de grands travaux et de décentralisation initiée par François Mitterrand en 1981.
La Belle électrique
Inaugurée le 10 janvier 2015, cette nouvelle salle de spectacle « à la fois largement ouverte et mystérieuse pour susciter le désir », a été conçue par l’architecte Yves Arnod.
L’architecture a été influencée par trois aspects du sujet. Les cinq branches en forme de pavillon évoquent celui de l’oreille qui amplifie la réception du son.
L'enveloppe du bâtiment est constituée de bastaings de chêne de mêmes dimension et aspect que les traverses des voies de chemin de fer qui desservaient le site.
Enfin son corps étrange aux lignes sauvages « répond à l'énergie de la musique, celle d'aujourd'hui et celle de demain ».
La chambre des métiers et de l’artisanat
Bâtiment passif à énergie positive, la CMA de l’Isère est le bâtiment du tertiaire le plus performant de l’Isère.
De nombreuses techniques de pointe ont été mises en œuvre pour que ce bâtiment ait une consommation d’énergie proche de zéro : enveloppe étanche et très isolée pour lutter contre les ponts thermiques, dalle active (rafraîchie par l'eau de la nappe phréatique), stores extérieurs à lames orientables mécanisées ; ventilation double flux…
Avec plus de 1000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques sur le toit, c’est aussi la plus grosse centrale de production d’énergie électrique solaire de la région grenobloise
La petite halle
La petite halle, qui abrite actuellement la salle d’escalade Espace vertical 3 (rue Victor Lastella, derrière la chambre des métiers et de l’artisanat) a été construite pendant la première guerre mondiale.
À cette époque, les hommes sont envoyés au front et les effectifs de l’usine chutent. Ils passent de 1250 à 250 employés. Pour sauver son entreprise, Aimé Bouchayer, le dirigeant de l’époque, se met au service de la France en guerre. Il se laisse convaincre de fabriquer des obus de 75mm.
La halle est construite pour cela et on embauche de nombreuses femmes. Cette activité permettra d’engranger d’importants bénéfices.
Les usines Cémoi (12, rue Ampère)
Fin de la guerre. Les nombreuses femmes qui travaillaient à la fabrique d’obus dans la petite halle se retrouvent sans activité.
C’est pour leur assurer une requalification et une autonomie qu’Aimé Bouchayer recrute Félix Cartier-Million, propriétaire de chocolat Dauphin, pour, en 1920, structurer une nouvelle fabrique de chocolat à Grenoble : Cémoi. Elle emploiera jusqu’à 500 personnes.
L'entreprise dépose le bilan en 1970 et sera définitivement liquidée en 1973.
Crédits photo : Daniela Petrel - www.danielapetrel.com
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