Inauguré officiellement le 6 décembre, le nouveau jardin du musée de l’Ancien Évêché est un petit poumon vert au cœur d’un quartier densément urbanisé. Petit certes, mais riche d’un charme et d’un intérêt historique certains. Et comme ce n’est pas tous les jours qu’un parc est créé en plein cœur de la ville ancienne, il mérite une visite guidée
Ouvert depuis septembre, mais inauguré officiellement le 6 décembre, cet espace vert marque symboliquement la fin d’un vaste chantier patrimonial, entrepris en 1990, qui a permis la mise valeur du baptistère de Grenoble, la recomposition architecturale des édifices du groupe épiscopal (cathédrale Notre-Dame et église Saint-Hugues) et la restauration de l’ancien palais des évêques. D’une surface totale de 4960m², il relie la rue Très Cloîtres (entrée par la cour d’honneur du musée) à celle du Fer à Cheval, en ouvrant des perspectives uniques sur la Bastille et le patrimoine environnant.
Re-bonjour le jardin
Le jardin est nouveau certes, mais il serait plus convenable de parler de renaissance. Car, malgré une légère différence de forme, il existait déjà en 1775, finalisé par l’évêque de Grenoble de l’époque, Jean de Cairol de Madaillan, conformément aux souhaits de ses prédécesseurs.
Puis arrive le XIXe siècle, période d’intenses transformations de la cathédrale et du palais. Sous l’impulsion de l’architecte Alfred Berruyer, deux sacristies sont construites dans le jardin, réduisant sa surface.
Pendant l’aménagement du groupe évêché-cathédrale, il est décidé de détruire l’une d’entre elles, la sacristie des chanoines, ainsi qu’un bâtiment administratif construit dans la première moitié du XXe. Cela permet de valoriser le chevet de la cathédrale et le rempart romain tout en enrichissant la vue générale.
Projet d’aménagement : la valorisation d’une histoire
L’aménagement du jardin a donc été conditionné par la destruction de l’ancienne sacristie, mais aussi par la conduite d’une campagne de fouille archéologiques et la restauration du chevet de la cathédrale.
Alain Tillier, l’architecte qui conduit ces travaux de 2008 à 2011, choisit d’abandonner la valorisation des éléments les plus récents, ceux du XVIe et du XVIIe, au profit du chevet de la cathédrale et des fortifications défensives. Les remparts antiques et médiévaux sont ainsi remontés au-dessus du niveau du sol, valorisant leur articulation avec le chevet de la cathédrale.
Doit alors se greffer, autour de ces éléments historiques, le jardin, dernière phase des travaux. La maîtrise d’ouvrage est déléguée à la ville de Grenoble, sous la houlette de Yves Delorme, responsable de l’aménagement de l’espace public : « pour différencier les deux époques, nous avons fait le choix de la simplicité et de la sobriété, en utilisant des matériaux contemporains ».
Le cheminement se fait ainsi sur béton désactivé de teinte grise et les placettes sont couvertes de pavés espacés par des joints fertiles.
Comme c’est curieux
De la cour d’honneur du musée à la rue du fer à cheval, le jardin en L se décline en trois séquences : un espace engazonné et libre d’aménagement, destiné à recevoir des manifestations culturelles, un espace de plantations fleuries, en plan carré pour rappeler l’idée d’un « jardin de curé » et un espace de découverte du patrimoine historique et archéologique, là où ont été montés les remparts.
Si on lève les yeux du côté du chevet de la cathédrale, on aperçoit, au-dessus du chœur, une curiosité jusqu’alors méconnue des Grenoblois : un chemin de ronde fortifié, porté par des arcs lancés entre les contreforts. Celui-ci fut établi en 1374 par l’évêque de Grenoble.
De petites baies éclairent le chemin de ronde et entre celles-ci sont placés des archères à croisillons qui ont pris la forme de canonnières au XVe siècle. Au nord du chevet, la chapelle de la Vierge montre une baie gothique restituée. Avec la sacristie de l’église Saint-Hugues, ce sont de précieux témoignages de la place et du rôle tenus par l’Église au cours des siècles à Grenoble.
Infos pratiques
Jardin accessible aux heures d’ouverture du musée de l’Ancien Évêché
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