Aujourd’hui calme et hors du temps, cet écrin de verdure au milieu de la Saône n’a pas toujours coulé des jours tranquilles.
L’île Barbe connaît une histoire mouvementée, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer en découvrant cette île qui se prélasse aujourd’hui paisiblement sur les flots. C’est tout d’abord un haut lieu religieux pendant de nombreux siècles. Au bout du 9e arrondissement, loin du tumulte du centre-ville, elle n’est habitée par des civils que depuis la fin du XVIIIe siècle, alors qu’on retrouve des traces de son existence depuis l’Antiquité.
L’actuel village a en fait été construit sur les ruines de l’abbaye la plus puissante de la région au Moyen-âge. Il s’agit du premier établissement monastique de la région lyonnaise et l’un des plus anciens de la Gaule. Fourvière peut aller se rhabiller.Cela demande peut-être un peu d’imagination au début, sur la petite place arborée où l’Auberge de l’île vous tend les bras. Si vous la traversez et empruntez l’impasse Saint- Loup, vous découvrirez d’anciennes arcades aujourd’hui murées, qui menaient au cloître. Là, l’ambiance médiévale commence à emplir l’atmosphère.
Des trois églises qui peuplaient l’île, la seule rescapée est Notre-Dame de Grâce. Située de l’autre côté de la place, sur le chemin du Bas-Port, elle est fermée au public car en mauvais état (l’association des amis de l’île Barbe se mobilise pour la restaurer).
Pour l’anecdote, les deux reines de France Anne d'Autriche et Marie de Médicis s’y sont rendues en 1630 pour remercier la Vierge Marie de la guérison de Louis XIII, tombé gravement malade durant son séjour à Lyon.
Autre vestige, la grande maison carrée ourlée de quatre pavillons tourelles et dotée d’un bel escalier. Il s’agit de la Prévôté, demeure du prévôt chargé de gérer les affaires de l’abbaye. En face, des escaliers envahis par les herbes sauvages mènent au Châtelard. C’était la résidence de l’intendant. Maison-forte cerclée d’une enceinte, elle permettait d’accueillir les religieux en péril qui demandaient l’asile. Elle abritait aussi la bibliothèque, célèbre pour avoir été fournie par Charlemagne himself.
MYTHES ET LÉGENDES
Sa situation isolée (le premier pont date de 1734) a toujours teinté l’île de mystères, donnant cours à de nombreuses légendes. À commencer par son nom : tiré du latin insula barbara, il fait l’objet de plusieurs hypothèses. La plus pragmatique vient probablement de son caractère sauvage originel, à moins que ce ne soit lié aux druides qui avaient choisi l’île comme théâtre de leurs sacrifices humains.
On a aussi longtemps raconté que l’abbaye de l’île aurait été fondée par Longinus, le soldat romain qui a percé le flanc du Christ avec sa lance. Fait impossible car il a en fait trépassé près de deux siècles avant la création de l'abbaye. Au Moyen-âge, l’influence de l’abbaye s’étend progressivement dans toute la région jusqu’à devenir très puissante : au XIIe siècle, elle possède 113 églises et 48 prieurés.
Elle est si riche que la rumeur court qu’elle abrite le Saint-Graal. Elle devient un lieu de pèlerinage très prisé, tant pour son importance spirituelle que pour les trésors et reliques qu’elle renferme. Cependant le pillage de l’abbaye en 1562 par les protestants met fin à toutes les spéculations.
Aujourd'hui, ce joli village ronronnant invite toutefois à la découverte des secrets qui l'ont habité.
Crédits photo : Lisa DumoulinInfos pratiques
> LA BOULANGERIE JOCTEUR
Place Henri Barbusse, avant d’emprunter le pont qui mène sur l’île.
Délicieuse, ne prenez pas la peine d’emporter le pain ni le dessert si vous prévoyez de pique-niquer.
www.boulangeriejocteur.com
> L’AUBERGE DE L’ÎLE BARBE
Sur l’unique place du village.
Restaurant gastronomique Relais et Châteaux.
www.aubergedelile.com
> LES DIMANCHES DE L’ÎLE BARBE
Théâtre de rue (à 15h30) et concerts (jazz, classique, musique du monde à 17h et 18h30) les dimanches 6, 13 et 20 juillet.
www.mjcstrambert.info
En dehors du parc public à l’entrée, la partie habitée de l'île est propriété privée et il est demandé de respecter la tranquillité de ses habitants.
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