On a l’impression qu’ils ont toujours existé, qu’ils s’imposent là, naturellement. Pourtant, à l’origine des sentiers de Grande Randonnée, il y a d’abord une idée et des hommes qui ont travaillé pour les créer et les proposer aux randonneurs. Bernard Duris, président de la commission sentier Rhône-Alpes à la Fédération française de randonnée pédestre, nous raconte leur création.
Bernard Duris, comment débute la création d’un GR ?
Cela démarre presque toujours par un coup de cœur. Une personne aime son pays et la randonnée, et il veut le valoriser en créant un parcours. Bien souvent, localement cela parait évident. Vu de Paris, ça l’est beaucoup moins. C’est pour cela qu’il y a des filtres. Par exemple la personne crée son parcours, le propose au comité départemental, qui le valide, puis le monte en avant projet si c’est bon. Celui-ci permet de voir s’il y a une pertinence, si cela vaut vraiment la peine d’être homologué.
Quels sont les critères d’homologation ?
L’homologation permet de savoir sil y a pas trop de bitumes, il n’en faut pas plus de 30%, si le parcours sera agréable, s’il n’y a pas de section dangereuse comme des routes trop fréquentées. Il faut aussi un hébergement tous les 20 ou 25km.
Une fois homologué, il faut créer le balisage ?
Oui, mais nous devons d’abord obtenir toutes les autorisations de passage. On est toujours chez quelqu’un, sur une commune ou un propriétaire privé. C’est souvent la croix et la bannière pour avoir toutes les conventions. Il suffit qu’un propriétaire dise non et il faut trouver un autre passage. Ce qui est assez paradoxale, c’est que pour passer sur des petites communes de 500 habitants, la convention se signe sur un coin de table. Pour traverser des grandes agglomérations, il nous faut parfois des années pour obtenir les conventions. Par exemple, à Saint-Etienne, on vient tout juste d’avoir l’autorisation de baliser le GR 42 jusqu’à la gare de Châteaucreux, après avoir bataillé 12 ans ! Imaginez, dans cette ville il y a 200 000 piétons qui se baladent en toute tranquillité, et il suffit qu’il y ait un mec avec un sac à dos et il nous faut des conventions !
Comment balise-t-on ?
Les baliseurs sont tous formés. Il faut le faire de façon homogène et normalisée, avec des pochoirs. On ne le fait pas à la bombe car ça ne tient pas, mais avec des pinceaux. On avance à moins d’un kilomètre à l’heure. C’est très long et coûteux.
Comment est financée la création des sentiers ?
Grâce aux licenciés de la FFRP, aux communautés de communes, aux Conseils Généraux et Régionaux et à nos prestations que nous facturons. La vente des topo guide rapporte aussi de l’argent.
Une fois balisé, la création du sentier est-elle terminée ?
Non, on a fait que 10% du travail. Après, il faut valoriser le sentier, sinon il meurt, comme le GR42. Il faut donc créer un topo-guide, mais cela coûte cher, entre 30 000 et 50 000 euros. Il faut encore trouver des financements. Sans communication, le chemin disparait.
Crédits photo : DR
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