Rattachée au département du Rhône et Loire pendant la Révolution française, la ville de Saint-Étienne demeure un bastion de résistance à la culture lyonnaise. Soixante-trois kilomètres de rivalité la séparent de la capitale des Gaules, distance que cristallise le fameux derby Rhônalpin. Mais quels en sont les lieux emblématiques ?
Le premier vrai match de derby entre l’Olympique Lyonnais et l’Association Sportive de Saint-Etienne a eu lieu en octobre 1951. Il fut remporté sur un score de 4 à 2 par les Gones. En plus de 60 ans, 104 matchs ont déjà opposé les deux villes : il reste à l’OL quatre victoires à remporter pour prendre l'ascendant, l’ASSE cavalant en tête avec 39 succès Aux sources de la rivalité Pour expliquer la rivalité qui alimente le derby, il faut remonter au XIXe siècle, à l’époque de la révolte des Canuts. Le 21 octobre 1831, en pleine révolution industrielle, les Canuts cessent de faire fonctionner leurs métiers à tisser pour protester contre la baisse des prix. Ils parcourent le quartier des pentes et notamment la rue rené Leynaud pour rallier le plus grand nombre à leur cause et sont violemment arrêtés dans leur descente par la 1ere Légion de la Garde Nationale (qui passera du côté des émeutiers quelques jours plus tard). Les armes à la disposition de cette dernière, qui font 3 morts ce jour là, proviennent de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne, renommée pour son savoir-faire métallurgique. Au cri de « Aux armes, on assassine nos frères », c’est le début de la première insurrection sociale de France, qu’on connaît aussi sous le nom de Semaine Sanglante. Pour l’anecdote, la rue René Leynaud, qui s’appelait autrefois rue Vieille Monnaie, est la plus ancienne voie de transport du quartier des Capucins. Tracée en 1521, elle permettait d’accéder à l’Hôtel des Monnaies (où les devises étaient frappées) en serpentant à travers... des vignes ! C’était alors la plus large des rues lyonnaises. Difficile à imaginer aujourd’hui. Le survêtement de Bernard Lacombe 255 buts en 17 ans de carrière (de 1970 en 1987) en première division : Bernard Lacombe, avant d’être le seul personnage en survêtement sur la Fresque des Lyonnais, reste l’un des buteurs les plus prolifiques de l’histoire du football français. Ce Lyonnais pure souche intègre la section pro de l’OL en 1969, sous la coupe de l’attaquant Fleury Di Nallo, meilleur buteur lyonnais du derby (14 buts à son actif). Il se met au Vert en 1978 pour cause de restrictions budgétaires : vendu à l’ennemi, il fait partie de ceux qui ont pu observer le derby de l’intérieur, tout comme Grégory Coupet et plus récemment Bafétimbi Gomis, qui ont tous les deux été stéphanois. Nommé Directeur Sportif de l’OL en 1988 (avec Raymond Domenech, lui aussi ancien de la maison, en tant que coach), il participe à la reconstruction progressive du club lyonnais. Aujourd’hui conseiller spécial de Jean-Michel Aulas, ce grand sportif devenu homme d’influence a affirmé son identité lyonnaise d’une manière plutôt originale : lors de son premier derby à Gerland sous les couleurs vertes, Lacombe serait entré par réflexe dans les vestiaires de son ancienne équipe lyonnaise ! Du monde au balcon Le 29 avril 2012, la place des Terreaux est devenue l'emblème de la rivalité qui déchire les tribunes rhônalpines, lorsque, pour fêter leur victoire en Coupe de France en 2012, les joueurs lyonnais ont entonné, depuis le balcon de l’Hôtel de ville, le chant généralement réservé au Derby. S’en sont suivies des excuses, puis un dépôt de plainte de la part de l’ASSE. La rivalité avait pourtant failli connaître une fin heureuse sous l’Occupation, lorsque les joueurs du club de Saint-Étienne furent contraints de partager leur terrain avec leurs adversaires de la section football du Lyon Olympique Universitaire (ancêtre de l’OL). Las, la cohabitation s’arrêta avant la fin de la guerre, les protestations et rivalités étant trop exacerbées.
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