Grenoble et de nombreuses villes de l’agglomération ont au moins une rue à son nom : le papetier Aristide Bergès savait-il qu’il allait profondément marquer l’histoire locale en s’installant à Lancey ? A travers ce personnage, la toute nouvelle Maison Bergès - Musée de la Houille blanche raconte l’histoire de l’industrialisation. Ouverture des portes le 10 juin et interview de la Directrice Cécile Gouy-Gilbert maintenant.
Qui était Aristide Bergès ?
Aristide Bergès est un ingénieur innovateur de la fin du XIXe siècle. Son père était papetier en Ariège, et lui-même en a monté une dans la même région. Puis il est arrivé en Isère à la demande du papetier Matussière à Domène. Les deux hommes s’étaient rencontrés à l’exposition universelle de 1867 à Paris, où Aristide exposait une innovation améliorant le fameux défibreur Voelter pour fabriquer de la pâte à papier, et il était convenu qu’il surveille l’installation de ces défibreurs pour Matussière. Trouvant la région intéressante, riche en eau, en bois, et ouverte sur des voies de communication, Aristide décide de s’y installer et choisit Lancey. Il s’associe alors avec le docteur Marmonnier qui avait un moulin, et lui, de son côté, apporte son savoir-faire de papetier. Aristide Bergès installe une première conduite de haute chute en 1869 pour faire tourner son premier atelier de défibrage, puis à partir de là, ne cesse de développer son usine en créant de nouvelles conduites, puis aménage au final le lac du Crozet pour avoir un débit d’eau constant.Aristide Bergès était un républicain, innovateur, peu intéressé par l’argent et plutôt motivé par le progrès et le bienfait social. Il a contribué à la modernisation de la région…
Oui, il y a plusieurs aspects. C’est un ingénieur innovateur. Il réfléchit à des tas de choses, dépose des brevets comme le vélocipède express, un hélicoptère, un clavier chromatique et puis beaucoup de brevets pour la pâte à papier pour améliorer le papier. C’est aussi un homme de progrès, de bienfait social, il développe le papier bon marché pour pouvoir faire des cahiers et des livres pour les écoliers, et en même temps qu’il installe l’hydroélectricité pour son usine, il va permettre à ses ouvriers et aux gens du village d’avoir l’électricité chez eux. Il développe aussi l’ampoule à un sou par jour, un coût très minime pour l’époque. L’usine fait également construire une bibliothèque ouverte à tous, des cités ouvrières, des fontaines et des lavoirs dans les nouveaux quartiers, des bains-douches à bon marché pour faciliter l'accès à l'hygiène, une pouponnière pour accueillir les enfants des ouvrières, des magasins coopératifs vendant des produits bon marché...Et la maison Bergès - Musée de la Houille blanche suit l’itinéraire de cet homme peu commun…
On a pris le parti de décliner les différentes facettes du personnage Bergès. C’est un ingénieur innovateur à travers ses dépôts de brevet, c’est un hydraulicien, à travers tous les travaux qu’il a mis en place pour pouvoir avoir un maximum d’énergie dans son usine, c’est aussi un hydro-électricien puisqu’il va utiliser l’invention de la dynamo pour obtenir de l’hydro électricité en la couplant à ses turbines. On évoque aussi le grand communicateur avant l’heure qu’il était. A travers sa formule de « houille blanche » et lors de toutes les expositions universelles, il va prôner tous les bienfaits de la houille blanche et il va montrer comment elle peut bouleverser le monde. On parle aussi de l’un de ses fils, qui va lui succéder à la tête de l’usine, et qui est le fil conducteur de la construction de la maison et de sa décoration. Enfin on va terminer sur un aspect plus intime qui est celui de sa famille, son mariage et ses enfants.C’est cette maison qui sert de musée, comment était-elle et comment l’avez-vous aménagée ?
Cette maison est un assemblage de deux maisons, la maison du Meunier achetée par Aristide à son arrivée dans laquelle il va habiter de 1881 à 1898, et puis l’agrandissement qui est la grande maison avec un programme décoratif intérieur assez chargé marqué par l’éclectisme historique et l’Art nouveau. On a essayé de jouer sur les ambiances, en conservant cet aspect de maison, avec les papiers peints existants et les couleurs de fond de papier peint pour garder l’harmonie de cette maison.La papeterie de Lancey a définitivement fermé en septembre 2008, est-ce que vous l’évoquez ?
On voulait répondre au désir du public de visiter les papeteries mais elles ont fermé. On a tenu à organiser un petit espace en hommage à tous ces ouvriers qui se sont trouvé sans travail du jour au lendemain.Infos pratiques
Maison Bergès Musée de la Houille Blanche à Lancey
40, avenue des Papeteries à Lancey Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h. Entrée gratuite. Tel : 04 38 92 19 60
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