Si l'étude du ciel a toujours passionné les hommes, la guerre des étoiles a elle bien eu lieu : guerre idéologique qui pendant des siècles a refusé les études scientifiques au profit d'un symbolisme plus flatteur. A Lyon, les hommes de sciences ne furent pas en reste, comme le prouvent le globe terrestre du père Grégoire, encore visible à la bibliothèque de la Part-Dieu, et l'histoire des observatoires de la Trinité et de Fourvière.
L'histoire de l'astronomie ne s'est pas écrite sans heurt. Terre ronde ou plate ? Héliocentrisme ou géocentrisme ? Pourtant, malgré les approximations qu'ont connu certains siècles, primauté du symbolisme idéologique sur la vérité scientifique oblige, l'étude des astres n'a cessé d'éveiller l'intérêt des hommes. Ainsi, à Lyon, dès le Ve siècle, le roi burgonde Gondebaud se dota de deux «machines marquant l’ordre des temps, sur les mouvements du ciel et des astres», un cadran solaire et une clepsydre. Ce sont, parait-il, les premières horloges installées en Gaule. Au XIVe siècle, il y eut l'horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean, dont nous vous avons déjà parlé en ces colonnes, l'une des plus vieilles d'Europe. Vient ensuite la Renaissance, où tout médecin est aussi astrologue. Même Rabelais (en exercice à l'Hôtel-Dieu de Lyon de 1532 à 1535 avant d'être renvoyé pour absences injustifiées) écrit quelques almanachs. Le début du XVIIe siècle marque le retour de la raison : en 1604, les Jésuites du Collège de la Trinité introduisent à Lyon l'enseignement de l'astronomie. S'ensuit en 1701 la création de l'Observatoire du Collège de la Trinité. LE TOUR DES GLOBES Au début du XVIIe siècle justement, au couvent du tiers-ordre de Picpus, à la jonction de la Grande Rue de la Guillotière et de la route de Vienne, officie le père Grégoire. Il étudie les lettres latines, l’italien, la musique, la poésie, la théologie, la philosophie mais surtout les mathématiques et en particulier l’astronomie et la mécanique. En 1701, il construit deux globes colossaux, de près de deux mètres de diamètre. Sur le premier il peint les constellations. Sur le second, les mers et les continents, à une époque où la géographie n'est pas franchement une science exacte. Ce qui étonne encore aujourd'hui, c'est la précision avec laquelle le père Grégoire a su représenter les sources du Nil, bien longtemps avant leur découverte. Les deux globes, terrestre et céleste, ornèrent le couvent de la Guillotière pendant près d'un siècle, faisant l'admiration des savants. Le siège de 1793 et les canons des conventionnels mirent à mal la sphère céleste. Laquelle un jour disparut totalement. Restait néanmoins le splendide globe terrestre qui fut confisqué par la Nation en 1792, et transféré à la bibliothèque. En 1912, le globe terrestre seul, suivit la grande bibliothèque de l’actuel lycée Ampère à son installation à Saint-Jean, dans les locaux de l’Archevêché. Il faudra attendre 1972 pour qu'il arrive à la bibliothèque de la Part-Dieu, après restauration. Aujourd'hui encore, on peut librement admirer le multi-centenaire globe terrestre sur le palier du 4ème étage de ladite bibliothèque. LES YEUX AU CIEL Comme évoqué plus haut, c'est en 1701 que les Jésuites installent à Lyon le premier observatoire. Celui-ci prend place au sommet de la tour surplombant la chapelle de la Trinité, attenante à l'actuel lycée Ampère. Initiateur de cet observatoire, le père Jean de Saint-Bonnet y perdit la vie, alors qu'il était monté sur l'échafaudage pour guider le travail des ouvriers, la faute au détachement de la corde d’une grue et au choc qui s'ensuivit. Le père Tallandier prit sa suite et acheva la construction de cette tour carrée immédiatement jugée disgracieuse par les Lyonnais. Une vindicte qui n'empêchera pas les Jésuites d'y étudier la physique et l'astronomie et d'y accueillir quelques remarquables hommes de sciences, jusqu'à ce qu'en 1793, l'Observatoire soit lui aussi victime des bombardements du siège de Lyon. En 1831, on crée alors un nouvel observatoire sur l'esplanade de Fourvière, l'un des points culminants de la ville. Mais la structure, aujourd'hui disparue, devient rapidement obsolète. En 1867, Charles André, jeune astronome parisien, demande au préfet du Rhône que soit construit un nouvel observatoire. Un décret est signé onze ans plus tard et on choisit la commune de Saint-Genis-Laval, alors située en pleine zone rurale. Les travaux débutent en 1881 pour s'achever en 1887, date à laquelle a direction de l'établissement est confiée à Charles André lui-même, du fait de sa grande implication. Des annexes de l’observatoire sont jugées nécessaires aux observations météorologiques : elles seront situées au Parc de la Tête d’Or (174 m), au Mont Verdun (625m), et à La Paume (540 m), près d’Ampuis. Malheureusement, de ces stations, on ne trouve pas trace.Crédits photo : Marie SignoretInfos pratiques
Globe terrestre du père Grégoire, Palier du 4ème étage de la bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon 3ème Chapelle de la Trinité, 29-31 rue de la Bourse, Lyon 2ème
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