Transport en commun ou voiture bien à soi, chacun son choix ! Voilà une déambulation lyonnaise avec les transports comme fil conducteur (mais le fil conducteur est-il un moyen de transport fiable ?), du garage flamboyant des années 30 à la petite maison de garde-barrière encore debout...
Au début du XXe siècle, le monde moderne s’éveille avec, entre autres, l’essor de moyens de transport toujours plus rapides et intrépides, qu’il s’agisse des chemins de fer qui sillonnent désormais la France ou des voitures individuelles, symboles de liberté. Lyon connaît ces mutations et est d’ailleurs une ville pionnière pour ce qui est de l’industrie automobile et de la locomotion mécanique. Partons sur les traces de cet âge d’or des moyens de transport… Le temple de l'auto C'est en 1929 que les garagistes Bollache, Laroche et Cie, concessionnaires de la marque Renault, décident de construire un immense garage qui occupera tout un pâté de maison, pas moins, avenue Maréchal-de-Saxe. Ainsi, derrière une belle façade art déco, ornée de motifs géométriques, l'architecte Georges Trévoux imagine deux rampes d'accès de six mètres de large chacune, qui permettent aux voitures de monter aux ateliers des six étages et d’en descendre, ce sans se croiser. En 1932, la revue La Construction moderne est enthousiaste et tend à voir le bâtiment « au premier plan de tous les garages français et sans doute européens. » C'est Louis Renault lui-même qui vint inaugurer en 1930 ce lieu prestigieux, véritable temple de l'automobile dans lequel furent vendues plus de 1.000 voitures par an. Chiffre qui laisserait les concessionnaires actuels blasés mais qui, bien avant la démocratisation de la voiture, était tout à fait extraordinaire. En 1986, le somptueux garage est racheté par une chaîne hôtelière qui fait depuis bon usage des rampes : elles sont désormais utilisées comme parc de stationnement intérieur. Une station de taille « La plus grande station-service du monde ». Voilà, en toute modestie ce que la marque Citroën se propose de créer au début des années trente à Lyon, sur la rive gauche du Rhône. Le projet est confié à Maurice-Jacques Ravazé, élève de Tony Garnier, sous l'œil concerné d'André Citroën en personne. De mars 1930 à mars 1932, pendant deux ans tout juste, quelque deux cents ouvriers travaillent jour et nuit à ériger l'immense garage de verre, de fer et de béton armé. A l'angle de la rue de Marseille et de la rue de l'Université, s’élève sur une surface de six mille six cents mètres carrés cette véritable cathédrale de la voiture : cinq cent trente-cinq mètre de façades, quarante mille mètres carrés utiles répartis sur cinq étages, un immense hall d'exposition octogonal entièrement vitré, délimité par huit colonnes de béton lisse et d'une hauteur de plafond de 18 mètres... Les grandes façades vitrées sont ponctuées de cinq tours d’angle qui accueillent de larges escaliers. Symbole de l’apogée de Citroën, le bâtiment se veut démesuré et fonctionnel, censé répondre aux impératifs du travail à la chaîne. En effet, celui-ci est ultramoderne, il est muni d’un stock de pièces détachées et propose même des forfaits de graissage. En 1992, le bâtiment, typique de l’architecture industrielle des années 30, a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Un garde-barrière fidèle au poste Autre moyen de transport en plein essor au début du XXe siècle : le train. Rue du Dauphiné, la petite maison du garde-barrière a survécu au développement immobilier pourtant galopant. Elle se trouve sur le tracé de l'ancien chemin de fer de l'Est, ligne créée en 1881 pour relier Lyon à Meyzieu puis délaissée (seul un train de marchandises parcourait quinze kilomètres de manière quotidienne) jusqu'à ce que soit mis en place le tramway T3 et la navette pour l’aéroport qui réutilisent les anciennes voies ferrées. Désormais, la petite maison du garde-barrière tient compagnie aux usagers du tramway qui attendent à l'arrêt Dauphiné-Lacassagne. Et la ficelle? Les non-avertis trouvent certainement étrange que les Lyonnais disent qu’ils prennent «la ficelle». «La ficelle», c’est le nom que les Lyonnais donnent à leurs funiculaires, par métonymie en référence au câble qui tracte les engins. Avec ses deux collines, Lyon eut jusqu’à cinq funiculaires. C’est en 1862 que le premier fut inauguré, celui de la Croix-Rousse, qui va de la rue Terme au boulevard de la Croix-Rousse. Long de 489 mètres, il est tracté d’abord à la vapeur puis électriquement dès 1915. Le funiculaire est un succès, avec 4 millions d’usagers transportés en 1880. Cette ligne a été supprimée en 1967, le tunnel transformé en tunnel routier. Les quatre autres ficelles ont quant à elles été mises en place entre 1878 et 1900. Aujourd’hui, seuls deux funiculaires au départ de « Vieux Lyon » fonctionnent, tandis que le funiculaire Croix-Paquet-Croix-Rousse a été transformé en chemin de fer à crémaillère et prolongé pour former la ligne C.
Crédits photo : Marie SignoretInfos pratiques
GARAGE RENAULT 67 avenue du Maréchal-de-Saxe, Lyon 3 STATION CITROËN 35 rue de Marseille, Lyon 7 MAISON DE GARDE-BARRIÈRE 11 rue du Dauphiné, Lyon 3
Laisser un commentaire