Alors que les Rencontres du cinéma de montagne se pointent au Summum du 15 au 19 novembre pour cinq jours d’avant-premières de films de montagne, des questions émergent ici et là : les rencontres vont-elles cesser d’être gratuites ? Pourquoi ont-elles changé ? Yves Exbrayat sera-t-il toujours présentateur ? Y'aura-t-il des diots ou de la tartiflette jeudi soir ? Réponses avec l'homme à tout faire de cet événement majeur, Yves Exbrayat.
Les soirées ne sont plus présentées par thématique forte comme l’escalade ou la glisse. Pourquoi ? En fait les raisons sont essentiellement d’ordre pratique. On s’est aperçu avec le temps que l’on collait de moins en moins aux thématiques. D’autre part en fixant des thèmes précis à date précise, il était plus dur de coordonner l’emploi du temps des invités, surtout qu’il y a simultanément des Rencontres semblables à Gap. On devait aussi éviter de mettre dans une même soirée des films de sponsors différents. Enfin l’idée était aussi d’avoir des soirées moins « monolithe », d’apporter de la diversité avec un programme plus équilibré et plus vivant. Vous êtes l’âme des Rencontres mais ce n’est plus vous qui les présentez. Pourquoi ? En tant qu’organisateur des Rencontres, il est difficile d’être sollicité toutes les dix secondes sur son téléphone et de régler des problèmes d’intendance deux minutes avant de passer sur scène. Je voulais me consacrer entièrement à l’organisation. Mais certains m’ont demandé de ne pas disparaître complètement, alors je serai tout de même là pour présenter la soirée ou faire les transitions, mais les interviews seront réalisées par des journalistes qui auront le temps de préparer leurs questions, ce que moi je n’avais plus le temps faire. Parfois on posait des questions à la con et on n’allait pas titiller les invités là où il fallait. Et puis comme on connaissait trop bien les personnes, il y a des choses qui étaient évidentes pour nous mais pas forcément pour le grand public. En plus vous preniez des risques en vous exposant au grand public… Oui, ce n’est pas notre métier de s’exposer ainsi. Il y a des gens qui adorent cela et d’autres qui détestent. C’était une prise de risque. Quand j’entendais du bien de notre travail j’en étais fier, mais il m’est arrivé d’en entendre du mal, dire que c’était nul, et ça me faisait vraiment suer de la part de gens qui venaient profiter de soirées que l’on mettait le plus de soins possible à préparer. On retrouve dans la programmation de cette année quelques films mettant en valeur des pratiques écologiques, voire militantes. C’est une tendance ou c’est un choix délibéré de votre part ? Non c’est une marque de fabrique des Rencontres. On ne voyait déjà pas beaucoup d’hélicoptères dans toutes les éditions précédentes. Et plus ça va, moins on en a envie, on ne veut plus de cela. On n’est pas des écolos militants mais on aime bien la montagne éthique. Cela se manifeste un peu plus cette année car il y a plus de prise de conscience de notre part et peut-être du public. Il est important de présenter des sujets qui soient respectueux de l’environnement et pourquoi pas militants comme la traversée de Belledonne Zéro Carbone ou Changeons d’approche, un petit film que j’ai aidé. Les Rencontres produisent-elles toujours des documentaires ? Oui, d’ailleurs on est en train de mettre sur pied un fond d’aide à la production pour lequel on solliciterait d’abord nos partenaires comme Petzl ou Lafuma mais aussi des grosses entreprises locales, des banques, des institutions. Nous pouvions également rendre payantes les Rencontres du cinéma de montagne mais c’est une idée que nous avons abandonnée. Nous allons en revanche mettre en place un système de contribution volontaire du public en expliquant aux spectateurs que la gratuité, c’est bien, mais qu’elle se fait au détriment de la qualité de vie des gens qui réalisent les films. Si leur travail n’est pas rémunérée à sa juste valeur, la production n’existera plus ou sera de qualité moindre. Trouve-t-on encore suffisamment de films pour la programmation des Rencontres ? On peut dire d’une certaine manière que l’on tourne en rond car ce sont toujours les mêmes qui viennent nous présenter les films. Ceci dit, on trouve encore assez de nouveautés. Les Rencontres ont suffisamment de reconnaissance pour que des personnes viennent nous proposer leur réalisation. D’autre part il y a une connivence qui s’est créée entre des groupes d’alpinistes, des réalisateurs, des producteurs et nous. Ainsi les Rencontres représentent l’endroit où l’on vient présenter son avant-première au public, et 95% des films projetés cette année le seront pour la première fois. Sur le fond, rien de changé ? Non, pour résumé : des avant-premières éthiques dans une ambiance conviviale malgré l’affluence. (15000 personnes l’année dernière, ndlr)Infos pratiques
Rencontres du cinéma de montagne, du 15 au 19 novembre au Summum Programme intégral des soirées en page 15 www.cinema-montagne-grenoble.fr
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