Lyon, sa basilique haut perchée et son opéra ? Déjà-vu. Lyon, sa porte incroyablement inclinée sur la place du Change et son portail d’église situé à pas moins de 4,50 mètres du sol ? Voilà qui est plus étrange et soulève bien des questions.
Même si certains ont assuré à la suite d’études scientifiques que la tour de Pise penchait à cause d’une défaut de fondation ou d’un affaissement de terrain dû à la nature de la roche (de la marne), l’explication la plus plausible, tous les gens sensés vous le diront, reste extraterrestre : qui d’autre aurait pu causer un tel prodige que des êtres venus d’une autre galaxie ? Quoi qu’il en soit, Lyon n’est pas en reste de phénomènes architecturaux étranges. Que dire de la porte du 3 place du Change, peut-être plus bancale encore que la tour de Pise ? Et que dire de cette porte d’église rue Neyret qui se trouve à 4,50 mètres du sol ? LA VÉRITÉ EST AILLEURS Arrivé place du Change, dans le Vieux Lyon, tout le monde n’a d’yeux que pour la maison Thomassin datant du XIIIe siècle (au n°2) et pour la Loge du Change, bâtiment construit selon les plans de Jacques-Germain Soufflot et Jean-Baptiste Roche au XVIIIe siècle. En effet, la place du Change, comme son nom, l’indique était le lieu des transactions commerciales et opérations de change. Pourtant, il faut en faire le tour et s’arrêter au numéro 3 pour découvrir un bâtiment du XVe siècle à la porte et au tympan grillagé étrangement inclinés. Pas besoin de niveau à bulle pour l’affirmer. Une mésaventure géologique pourrait expliquer la porte bancale. Mais si l’on prend la peine de se pencher sur les vieilles chroniques locales, on apprend que la venue d’extraterrestres aurait pu créer ce léger désagrément architectural. Ainsi, au début du IXe siècle, c’est à l’emplacement de la place du Change que quelques Lyonnais virent atterrir un char ou un navire volant. Trois hommes et une femme en descendirent. La population captura tout de suite les individus à l’allure louche. Des sorciers et sorcières, pensèrent-ils. Agobard, alors archevêque de Lyon, sauva les quatre personnages d'une lapidation sauvage, sceptique qu’il était quant à l’histoire de ces « êtres tombés du ciel » racontée par la foule en délire. Depuis lors, aucun autre atterrissage de la sorte n’a été répertorié. Les extraterrestres, conducteurs de chars volants et autres pilotes interstellaires en herbe auront été découragés par l’accueil peu chaleureux des Lyonnais du IXe siècle. ATTENTION À LA MARCHE Il ne semble pas que l’on puisse incriminer les extraterrestres pour ce qui est de la porte haut perchée de l’église du Bon-Pasteur. Le tableau n'en demeure pas moins insolite. Sur les pentes de la Croix-Rousse, on aperçoit de loin le clocher de l’église du Bon-Pasteur, mais ce n’est que lorsqu’on arrive rue Neyret, au pied de l’édifice, qu’on découvre l’incongruité du lieu : à moins de pratiquer activement la lévitation, pas moyen d’entrer dans l’église puisque la porte principale surplombe la rue de plus de quatre mètres, sans escalier aucun. Celui qui a dessiné les plans du bâtiment aurait-il raté quelques cours à l’école d’architecture ? Pas exactement. Au milieu du XIXe siècle, le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, se mit en tête de créer une nouvelle paroisse qui desservirait le nouveau quartier ouvrier de la Croix-Rousse. La création de l’église du Bon-Pasteur débuta sur les chapeaux de roue. Dans les années 1860, c’est l’empereur Napoléon III lui-même qui vint poser la première pierre de l’église. Les travaux allèrent ensuite bon train, suivant les plans de l’architecte lyonnais Clair Tisseur. Jusqu’à ce que la guerre éclate et repousse la construction du saint édifice… La paix revint en France, mais les travaux ne reprirent pas pour autant et il manquait au bâtiment son escalier frontal. Sauf que pour construire cet escalier frontal, il aurait fallu détruire une caserne qui se trouvait de l’autre côté de la rue… L'État désormais farouchement laïc et républicain vit cette destruction comme impensable. Ainsi fut-il : l’église du Bon-Pasteur n’aurait pas d’escalier. On créera malgré tout des entrées latérales pour permettre l’accès au public. Plus tard, l’église, fermée au culte, accueillit l’annexe de l'École des Beaux-Arts jusqu’en 2007. Crédits photo : Marie SignoretInfos pratiques
3 place du Change, Lyon 5ème Eglise du Bon-Pasteur , 25 rue Neyret, Lyon 1er
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