A la découverte du cimetière de Loyasse

En bref par Jérémy Chauche

Sur les hauteurs de Lyon, se trouve le cimetière de Loyasse, le premier cimetière « moderne » de Lyon. Créé quatre ans après le Père-Lachaise parisien, il n’en a pas l’aura romantique. Néanmoins, le long des allées, se cachent d'émouvantes statues et quelques monuments délirants.

A la fin du XVIIIe siècle, les cimetières paroissiaux souffrent de surpopulation. En 1807, la municipalité achète pour y palier un terrain planté de vignes sur le flanc ouest de la colline de Fourvière. L’année suivante s'ouvrent les portes du cimetière de Loyasse. Les qualités du lieu répondent aux exigences hygiénistes de l’époque (le site est éloigné de la ville et venté afin de disperser les émanations putrides…) mais le sol est instable et l’accès peu aisé. Ce à quoi on remédiera avec la création le funiculaire Saint-Paul-Loyasse, de nos jours obsolète. <> Le XIXe siècle était friand du style « néo », qu’il soit néo-gothique, néo-romain ou encore néo-égyptien…, les sculpteurs réinterprétant toute une symbolique funéraire de manière monumentale. La chauve-souris escorte l’âme du défunt dans l’au-delà, la chouette évoque la sagesse, le coq est le pasteur des âmes, le phénix personnifie la résurrection, le sablier la fugacité du temps… S’il est un exemple notable du style néo-égyptien, il est à chercher du côté de la concession Lupin-Roux, allée n°7 : s'y élève un temple érigé en 1820, orné de phénix, de chouettes, de cornes d’abondance et dont les quatre angles se terminent par des figures humaines représentant les esprits des morts. De son côté, la tombe érigée pour le philanthrope Pleney en 1827 (allée 80) arbore un tout autre style : celui d'un obélisque monumental, le plus haut du cimetière avec des mensurations de 5 mètres de large et de 9 mètres de haut, surplombé d’une vierge pleureuse. Au-delà de sa fonction de demeure pour le corps, le monument funéraire est pensé pour rendre hommage au défunt. Une fonction qu'illustre la sculpture qui surplombe la concession Duvergier, allée 87 : représentant le travail et l’industrie par le biais d'un homme appuyé sur une masse de métallurgiste et une femme portant un bateau à vapeur, elle laisse peu de doutes quant à la profession exercée par son habitant. Dans une allée perpendiculaire, la 89 on s’arrêtera pour admirer la statue de style 1900 ornant la concession Guilleminet, à savoir une belle jeune fille en métal patiné, épaules nues et cheveux flottants qui tient un bouquet de fleurs. <> Si les locataires de Loyasse ne rivalisent pas en « glamouritude » avec ceux du Père Lachaise (mais comment rivaliser avec Jim Morisson et Oscar Wilde ?), on croise au détour d’une allée quelques célébrités locales. A l’entrée du cimetière par exemple, allée 4, le médecin Antoine Gailleton (dont la tombe a été conçue par Tony Garnier) sur la gauche et le député-maire Edouard Herriot (sous un caveau aux charmes tout staliniens) sur la droite, allée 3. En parcourant l’allée centrale, on tombe nez à nez avec la tombe de Philippe Nizier-Antelme alias le Maître Philippe, mystique et pharmacien de renom. Sa tombe est sans conteste l’une des plus visitées du cimetière. A la fin du XIXe siècle, le Maître Philippe officiait comme guérisseur par imposition des mains à Lyon dans un hôtel particulier de la rue de la Tête d’Or et on parlait de ses dons de thaumaturge jusqu’à la cour de Russie. Quelques mauvaises prédictions le marginalisèrent toutefois à la fin de sa vie… Néanmoins, et ce plus d’un siècle après sa mort, les fidèles sont encore légion et fleurissent la tombe du Maître, espérant encore quelques miracles d’outre-tombe. Non loin de là, allée 10, repose Jean-Baptiste Willermoz. Ce que son épitaphe ne dit pas, c’est qu’il est le père de la franc-maçonnerie lyonnaise. En s’avançant un peu plus dans le cimetière, en face du monument de la famille Guimet (Jean-Baptiste a inventé le bleu outremer artificiel tandis qu’Emile a créé les musées éponymes de Lyon et Paris), allée 9, se trouve la tombe de Paul de Vivie dit Vélocio. Ce Stéphanois d’adoption a inventé le dérailleur, fondé la première course cycliste de la région en 1882 et est à l’origine de la Fédération française de cyclotourisme. D’où la dévotion (éternelle) que lui portent les cyclotouristes stéphanois et lyonnais qui suivent encore les commandements de Vélocio, particulièrement le septième, essentiel : « Ne jamais pédaler par amour-propre ». Quant aux trente-trois jouteurs à l'angle des allées 88 et 9, ils reposent ensemble sous une croix ornée de deux rames et d’une tête de mort, soit l'une des installation les plus vieilles du lieu. A une époque où la joute était un jeu très populaire, ils avaient fait le serment de ne jamais se séparer. Le dernier membre de l’équipe y fut enterré en 1870.Crédits photo : Marie Signoret

Infos pratiques

Cimetière de Loyasse, 43 rue du Cardinal-Gerlier, Lyon 5ème / 04 37 70 70 00 Ouvert tous les jours de 8h à 17h et de 8h à 17h 30 de mai à octobre

Jeudi 18 mars 2010 En bref 2707 lectures
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