L'Hôtel de Ville de Lyon

En bref par Jérémy Chauche

On longe le bâtiment pour aller prendre le métro ou le bus mais on ne le voit pas, perdu dans le quotidien. L’Hôtel de Ville réserve pourtant quelques surprise.

Entre la place des Terreaux et la place de la Comédie, s’élève l’Hôtel de Ville. Construit au cœur de la cité au XVIIe siècle, les Lyonnais l’auront vu plusieurs fois renaître de ses cendres. Un premier incendie en 1674, un deuxième en 1803. Et il est toujours là ! Recelant quelques détails des plus insolites… <> En guise de marteau à la grande porte de l’Hôtel de Ville – celle qui donne sur la place des Terreaux –, un enfant joufflu, agrippée à une coquille se trouvant au-dessus de sa tête, le derrière en forme de heurtoir… On l’appelle Tape-du-Cu et certains Lyonnais disent même « qu’à l’Hôtel de Ville c’est encore lui qui travaille le plus de la tête ». La légende raconte qu’un jour de famine de l’année 1693, les canuts marchèrent sur l’Hôtel de Ville, bien décidés à demander des comptes. Mais arrivée place des Terreaux, la troupe loqueteuse trouva les portes fermées. Tous les efforts pour l’ouvrir furent vains. Alors, Tony Tomachot, le plus fort d’entre eux, devint furieux. Quelques coups puissants de postérieur sous les encouragements de la foule, « Hardi, Tony ! Tape du cul ! », et la porte céda. Les canuts purent parler au prévôt et celui-ci, ému par leurs discours, leur promit que désormais, il suffirait de frapper à la porte pour qu’on leur ouvre. Le lendemain, on appela un menuisier pour qu’il répare la porte et un sculpteur pour qu’il fasse le marteau. Le sculpteur facétieux imagina alors un marteau à l’image de Tony en train d’enfoncer les portes de l’Hôtel de Ville. <> Au pays des aveugles, les borgnes sont rois mais au pays des borgnes, Polyphème serait le roi des rois. En réalité, Polyphème, fils adultérin de Poséidon, est un cyclope. Il n’a donc qu’un œil. Mais le Polyphème qui trône dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville lui en a… trois ! Alors qu’à la fin du XIXe siècle on entreprend des grands travaux de restauration de l’Hôtel de Ville, le sculpteur Lucien Pascal est chargé de peupler les niches des piliers du portique séparant cour basse et cour d’honneur de quelques figure mythologiques. C’est Poséidon et sa petite famille – une famille recomposée – qui est choisie. Le dieu des mers et des océans est donc accompagné d’Amphitrite, de l’un de ses fils naturels, de Polyphème et de la néréide Galatée, épouse – violentée – de Polyphème. Mais le sculpteur ignorait que Polyphème appartenait à la famille des cyclopes, il le dota donc des deux yeux réglementaires. Ce n’est qu’en 1883, lors de l’inauguration des statues qu’on se rendit compte de l’erreur. Ni une ni deux le sculpteur ajouta alors un troisième œil au milieu du front de ce cyclope décidément très pourvu en yeux ! On ne peut malheureusement rendre visite librement à la statue de Polyphème. Des visites étant toutefois proposées, n'hésitez pas à vous renseigner auprès de l'Office du tourisme. <> Les architectes lyonnais devraient vraiment revoir leur mythologie. En face de l’Hôtel de ville, sur la façade de l’Opéra, ce sont les muses qui surplombent les passants. Pourtant, des neuf muses antiques, il n’en reste que huit : Calliope, Clio, Érato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie… Et Uranie ? Uranie, fille de Zeus et de Mnémosyné – déesse de la mémoire, un comble – a été oubliée. Quelqu’un en voudrait-il à la muse de l’astronomie ? Même pas. La faute en revient en fait aux règles de l’architecture qui exigent un nombre pair de colonnes. Placées en 1863 sur la façade du bâtiment, les muses en ont été délogées en 1895 pour être restaurées, après qu’un morceau de Terpsichore fut tombé sur la place de la Comédie, manquant d’assommer les passants. Les conseillers municipaux décidèrent de refaire les muses en fonte, matériau peu onéreux. L'un d'eux aurait même déclaré : « A cette hauteur, les Lyonnais ne feront pas la différence ! ». En 1912, les nouvelles muses furent installées sur l’Opéra. Le Progrès titra alors : « Mises à neuf, elles ne sont toujours que huit. »Crédits photo : Marie Signoret

Infos pratiques

HOTEL DE VILLE DE LYON Place de la Comédie / 04 72 10 30 30 OFFICE DU TOURISME DE LYON Place Bellecour / 4 72 77 69 69

Jeudi 19 novembre 2009 En bref 4173 lectures
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